Bonheur et émancipation des femme

Témoignages de femmes émancipées:

Etsuko Tsugihara

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les gens ne s’intéressent par forcément à la vie des autres.
Chacun est occupé à vivre sa propre vie.
Quand vous avez compris ça, tout est tellement plus facile vous ne trouvez pas ?

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Comment vous présenteriez-vous ?

Je suis présidente de SUNNY SIDE UP, une entreprise de relations publiques fondée il y a trente-quatre ans. Je suis un des membres fondateurs de cette société, j’avais 17 ans à l’époque… Voilà, maintenant vous savez mon âge (rires). Bon, c’est une assez longue carrière.
D’habitude, je refuse toutes les interviews et je préfère rester cachée. Je pense que la modestie est une vertu et je préfère rester dans l’ombre et loin des projecteurs, qui eux doivent rester braqués sur ce que l’on veut promouvoir ou faire connaître. J’ai finalement décidé d’accorder cet entretien à la demande de M. Doresle, le président de JANAT. Je suis ravie de le connaître et j’ai beaucoup de respect pour lui, pour ce qu’il fait professionnellement et pour ses activités dans les œuvres sociales. Maintenant je suis prête à vous parler de moi, mais en cachette car je suis timide.
Le métier des relations publiques est une occupation qui consiste à faire la promotion de choses encore peu connues. On essaie de trouver de bonnes idées pour faire connaître un ou plusieurs produits.
Notre slogan c’est : « Du bruit, oui, mais qu’il soit plaisant ! ». Ce slogan correspond bien à mon esprit de travail : si on doit faire quelque chose, que ce soit fait d’une manière originale, dans un esprit de nouveauté, de respect des autres et de création.

Quel a été votre parcours et à quoi vous intéressez-vous actuellement ?

image On a commencé à trois. On était une toute petite société de relations publiques. On acceptait toutes les commandes tellement on était heureux d’en avoir. On a vraiment travaillé d’arrache-pied, et petit-à-petit on a agrandi notre carnet d’adresses et notre éventail de clients. Une belle rencontre avec un triathlonien plein de talents nous a ouvert la porte du monde des sports. Aujourd’hui, on s’occupe de grands champions comme Hidetoshi Nakata et Kosuke Kitajima. L’entreprise a grandi et en 2008 on est entré à la Bourse d’Osaka, puis en 2018 nous avons été déclarés « valeur vedette » à la Bourse de Tokyo.
On a vraiment commencé de zéro, sans argent, sans expérience ni relations… rien. En revanche, on avait du coup la liberté d’agir comme on l’entendait, sans autre forme de procès. Nous avons surmonté toutes les difficultés pour nous retrouver où nous sommes aujourd’hui.

Votre emploi du temps quotidien ressemble à quoi ?

Trois fois par semaine, je vais à la gym avant d’aller au bureau. Le mercredi, c’est le jour du kickboxing. Si j’en fais trop, mon staff s’en rend immédiatement compte (rires). Dès que j’arrive au bureau, la bataille commence… Je n’ai pas de programme fixe, mon emploi du temps varie d’un jour à l’autre, tantôt une réunion au bureau, tantôt un rendez-vous chez un client ou une visite sur un lieu qui va accueillir un événement ou une rencontre sportive, tantôt une session avec le syndicat patronal des entreprises ou une conférence internationale. De toute façon, mes journées sont toujours bien remplies. Je prends en principe mes repas dans le cadre des réunions de travail ou je mange un repas tout préparé, acheté dans un magasin du coin. J’aime bien cuisiner, mais pendant la semaine je n’ai guère le temps d’être chez moi. Je fais aussi souvent des voyages d’affaires. Mais n’allez pas imaginer que je suis la super-femme carriériste, pas du tout. Les femmes carriéristes ne mangent pas des repas tout préparés achetés à l’épicerie du coin.
Je fais un peu ce que je veux et ce que les gens pensent de moi ne m’intéresse pas. Ce que je fais n’est pas forcément lié à mon travail, et je rencontre souvent des gens très différents parce que je pense qu’ils peuvent toujours m’apporter quelque chose. Je ne fais pas vraiment de différence entre ma vie privée et ma vie professionnelle.
D’ailleurs, ma vie c’est mon travail.

Qu’est-ce qui vous procure de la satisfaction dans votre travail ou vos activités ? Qu’est-ce qui vous a semblé le plus difficile ou vous a demandé le plus d’efforts dans votre carrière ?

On me demande souvent si le fait d’être une femme ne constitue pas un obstacle majeur dans ce que je fais. En réalité je n’ai pas l’impression d’avoir rencontré beaucoup de difficultés dans ma carrière. J’ai peut-être la mémoire courte, ou je suis peut-être insensible aux difficultés. Ceci dit, il est vrai que certaines personnes, notamment des hommes, ont essayé à plusieurs reprises de me mettre des bâtons dans les roues. Ça m’a plutôt amusée.
Quelle satisfaction je retire de mon travail ? Depuis le début, j’ai toujours beaucoup de plaisir à constater le succès d’un projet ou à entendre des gens anonymes en parler dans le métro par exemple. Cela me fait toujours sourire et me donne l’impression que je tire les ficelles du monde. Aujourd’hui où l’entreprise que j’ai aidé à créer est devenue ce qu’elle est et a connu le succès qu’elle connaît, je suis toujours aussi heureuse de faire ce travail. Le métier des relations publiques est très gratifiant en raison de l’influence exercée sur les gens. Selon la manière dont un fait est rapporté, le message peut être un message de bonheur ou de malheur. Pour ma part je préfère apporter du bonheur dans la vie de gens.

Dans un moment de complète détente où vous pouvez vous exprimer librement sans aucune contrainte, qu’est-ce que vous faites ?

Des moments de complète détente ? Je n’en ai peut-être jamais. J’ai l’impression que je cours du matin au soir. Je sais que ce n’est pas bien et que je devrais m’arrêter de temps en temps, mais c’est mon rythme et si je m’arrête ou si je ne fais rien, j’ai aussitôt des démangeaisons (rires).
Quant à m’exprimer librement, cette question ne se pose pas car étant ce que je suis, je m’exprime toujours librement. Cela peut paraître un peu prétentieux mais je ne crois pas être égoïste : je n’ai pas souvent d’envies, mais en revanche j’aime venir au secours de ceux qui ont des problèmes ou qui me demandent de les aider. Je suis plus heureuse quand les autres ont besoin de moi. Si je peux être utile à quelqu’un et que cette personne en est reconnaissante, je suis au paradis.

Si vous deviez choisir une devise ou une façon d’être dans votre travail, qu’est-ce vous diriez ?

Je n’ai pas vraiment de devise. Au travail, j’ai plutôt tendance à rester dans l’ombre. J’évite les projecteurs et je préfère la réserve. Dans une séance de tournage par exemple, j’ai toujours tendance à me cacher pour éviter de me trouver dans le champ. Donc je n’ai pas de devise, mais un principe de travail et une façon d’être.
Je suis toujours très enthousiaste avec les choses que j’aime, et j’en parle volontiers autour de moi. Quand j’ai goûté à quelque chose de très bon, je ne peux pas m’empêcher d’encourager tout le monde à faire de même. Je ne suis pas comme les autres qui ne font pas de publicité gratuite mais j’aime tout simplement partager mon enthousiasme.
Cette faculté joue un rôle très important dans mon métier de relations publiques. Là est peut-être la clé de notre succès.
J’ai aussi l’instinct d’agir sur le champ. Si je laisse traîner les choses, j’ai peur de perdre mon enthousiasme initial. Dès que j’ai une idée, il faut que je la mette en œuvre immédiatement. Je sais que c’est un poids pour mon personnel, mais c’est aussi ce qui m’a permis de réussir.

À votre avis, qu’est-ce que les femmes japonaises devraient faire pour prendre une part plus active dans la société ?

Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je ne suis pas fragile et je n’ai pratiquement jamais pensé qu’être une femme était un obstacle. Je ne m’intéresse pas beaucoup non plus au fait qu’il faudrait que la situation des femmes change dans cette société machiste. Pourtant il y a 1 700 000 entreprises au Japon, dont 3 700 cotées en bourse. Un seul pourcentage de ces sociétés est dirigé par des femmes. Je ne suis pas en position de critiquer ce fait, mais d’un point de vue réputation internationale, ces chiffres ne jouent pas en notre faveur. La définition d’une femme active n’est pas simple. Avec ce mot, on pense souvent aux femmes qui occupent un emploi, alors que celles qui s’occupent de leur famille sont tout aussi actives. Les chiffres reflètent la difficulté que rencontrent celles qui souhaiteraient occuper un emploi. Cette situation doit changer.

image Le monde ne manque pas de femmes talentueuses, capables de faire bien des choses. Personnellement, je ne crois pas avoir de talent particulier ou être un exemple remarquable de réussite. Ce n’est pas le talent qui m’a conduit jusqu’ici, mais le fait que je savais ce dont j’étais capable et ce dont je n’étais pas capable. Je n’ai pas hésité à travailler avec des collègues qui, justement, savaient faire ce dont j’étais incapable et à partager avec eux les occasions de projet qui m’étaient données. C’est cela qui m’a permis de me développer.
Mes collègues aussi ont évolué et je sais que je peux absolument compter sur eux. Je leur dois beaucoup. Si mon entreprise a pu se développer comme elle l’a fait aujourd’hui c’est grâce à ceux qui ont suppléé à mes absences. Je n’ai personnellement rien d’extraordinaire, je suis plutôt du type herbe folle. Si une jeune femme pense que «si elle a pu le faire, alors moi aussi je peux» et si mon histoire peut l’encourager et la motiver, j’en serai très heureuse.

Comment voyez-vous pour votre futur ?

Au début de la création de cette entreprise je n’avais pas le temps de penser au futur, j’étais trop occupée à résoudre les problèmes financiers du quotidien. Quand la société a pris son envol, j’avais beaucoup à faire et je n’avais pas le temps de penser à autre chose. Je n’ai d’ailleurs jamais fait de plans d’avenir avant les préparatifs nécessaires à l’entrée en bourse. Quant aux projets dont je me suis occupée, leur succès est plutôt le résultat d’un travail acharné que d’une longue élaboration.
Je me demande si cet acharnement au travail n’est pas pour moi plus efficace qu’une longue et prudente préparation. On vit désormais dans un temps plus complexe, où tout est plus compliqué et où le sens commun ne prévaut plus. Je tire un grand plaisir du fait que nous pouvons mener des projets que nous sommes les seuls à pouvoir réaliser.
J’ai déjà annoncé à mon personnel que lorsque j’atteindrai 60 ans, je quitterai tout pour prendre la route (rires). Je partirai à la recherche de mon âme. Je travaille depuis l’âge de 17 ans et je n’ai jamais pris de vacances. J’ai maintenant envie de regarder et de découvrir le monde sans avoir à me soucier du temps qui passe. En outre, si jamais je découvre quelque chose d’extraordinaire, j’appellerai le bureau pour préparer un projet (rires).

Qu’est-ce que vous pensez du thé JANAT et pour finir, quel serait votre message ou votre conseil aux femmes japonaises ?

image Je dois dire que je n’aime pas le café. Je ne bois que du thé. Je sais que le thé JANAT est conçu à partir de feuilles soigneusement cueillies à la main par des femmes. Je l’apprécie beaucoup pour sa qualité, mais également pour l’histoire d’amour des femmes du pays où pousse ce thé. Quand j’y songe, une tasse de thé JANAT est plus précieuse que celle de toute autre marque.
Un encouragement destiné aux femmes japonaises ? Je ne suis pas compétente en la matière, mais ce que je sais c’est que lorsqu’on entreprend quelque chose, on a tendance à penser à beaucoup de choses inutiles ou à écouter ce que les autres disent, au risque d’hésiter à agir et à laisser passer sa chance. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les gens ne s’intéressent par forcément à la vie des autres (rires). Chacun est occupé à vivre sa propre vie. Quand vous avez compris ça, tout est tellement plus facile vous ne trouvez pas? On ne vit qu’une fois, n’est-ce-pas, alors il faut s’efforcer de faire ce dont on a envie, avec acharnement, pour tenter de gagner. C’est bien mon intention de continuer à vivre librement et faire ce dont j’ai envie (rires).